jeudi 19 juillet 2012

Quand Jean Coutu vend de la quincaillerie, où s’en va-t-on ?


Outre des médicaments, on peut trouver un ami, semble-t-il, chez Jean Coutu. Voilà maintenant qu’on peut y acheter des vêtements. Et l’entreprise a déjà confirmé son intention d’étendre son offre de produits domestiques à la quincaillerie, au sens propre du terme. 

Simple retour d’ascenseur, selon la direction des pharmacies, devant l’offre élargie aux pilules de concurrents comme Loblaw’s, qui verse aussi dans le vestimentaire. 

L’immigration française massive que le Québec connaît depuis une décennie fait qu’on échange plus souvent avec nos lointains cousins devenus plus proches. Ceux-ci raffolent de l’approche nord-américaine « one-stop shop », comme ils disent, ou guichet unique, qu’on préfère dire ici. 

Il est vrai que les grands magasins sont de plus en plus pratiques quand leur gamme en arrive à couvrir tous les besoins ou presque des consommateurs. C’est comme un dépanneur format géant.

Revenons à la France. N’est-il pas charmant, là-bas, d’arrêter chez le boucher pour sa viande, au kiosque à journaux pour son quotidien, chez la fleuriste pour les anniversaires, et ainsi de suite ?

Cela n’est plus possible, dit-on, parce qu’on n’a plus de temps. 

Surprenant avec l’aide technologique et l’accès hyper rapide aux médias grâce auxquels on accomplit en un tournemain les tâches quotidiennes lourdes ou longues d’autrefois. 

Le temps aurait-il raccourci ? Pourtant, non. Au contraire même : les journées faisaient 23 heures à l’ère des dinosaures, et allongent par micro-secondes depuis. 

Je corrige : on ne prend plus le temps. 

Hélas, dois-je ajouter. 

Hélas pour la beauté de la relation entretenue avec le marchand spécialisé. Hélas surtout pour l’avenir de nos quincailleries et de nos centres de rénovation. Car si on ne prend pas soin de les protéger, de les promouvoir, ils pourraient rejoindre les dinosaures assez vite. 

De nombreux États de par le monde, pas seulement la France, considèrent que tout commerce ne peut tout vendre, que le « tout est en tout » doit s’appliquer avec discernement. L’intérêt du marchand existant et celui d’un demandeur pour le même territoire ou les mêmes produits sont contrebalancés par les intérêts de la collectivité environnante, lesquels ont alors préséance. 

Idée révolutionnaire ? Non, vieux principe inventé au Moyen-Âge alors que naissait le commerce et du coup, les mercenaires. 

Plusieurs lecteurs doivent me ranger dans le camp des passéistes. Je crois néanmoins que
la globalisation telle qu’on la vit cédera sous le retour d’un commerce relationnel où trônera l’expertise, l’amour du métier et des clients. Le marchand de demain, d’après-demain en fait, cherchera à être moins reconnu pour le nombre des « sku » ou items qu’il tient, bien plus pour sa connaissance et ses exclusivités. 


Après une première époque de marques déposées et de brevets qui se limitent à protéger les produits, viendra le tour pour un marchand de pouvoir s’appuyer sur des règlements nouveaux afin de protéger la profondeur plus que l’étendue de sa science et de sa présence. Bref, sa profession.

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