mercredi 2 septembre 2009

L’effet de l’évier

Tout a commencé par un constat amiable entre employés : « une cuisinette de bureau sans évier, c’est pas possible ». Cela dure pourtant depuis 24 ans. Pendant toute cette période, imaginez, le personnel devait laver les tasses des invités et leurs Tupperware de lunch dans le mini-lavabo (30 po ca) de la mini salle de bain (10 pi ca).

Le « assez, c’est assez » collectif a conduit à prendre conscience des autres manques dans le bureau. En tête de liste, l’absence de salle de réunion. La question mérite d’être posée : comment l’association a-t-elle pu assurer une vie démocratique entre la base et la direction sans pouvoir se rencontrer au siège social? La réponse est simple : tout comité a été éliminé. Ça semble ironique, mais c’est une triste réalité.

S’en est suivie une révélation, tellement évidente qu’on ne la voyait pas au premier regard : l’iniquité des espaces de travail entre employés, aux responsabilités pourtant toutes d’importance relativement égale. Les uns bénéficiaient de grands bureaux gorgés de lumière alors que d’autres pâtissaient à l’ombre et à l’étroit. Pour favoriser l’entraide, on a déjà vu mieux.

L’effet de l’évier était devenu irréversible. Un réaménagement ou un déménagement s’imposait. Les frais de la première option auraient trop hypothéqué notre trésorerie − qui, du reste, ne contient plus aucun trésor! Trouver un local convenant déjà à notre logistique et à notre bourse s’avérait la seule issue.

Aujourd’hui je peux le dire, le plus dur n’a pas été de prendre la décision de quitter. C’était de dénicher « the » lieu. Les semaines et les mois ont passé en vain, l’absence d’évier faisait sentir sa présence.

Ô miracle! ou Ô hasard! le temps d’une rencontre fortuite dans le stationnement où j’annonce au propriétaire que l’ADMACQ devenue AQMAT et en croissance, après 280 mensualités de loyer dûment versées, était contrainte d’aller voir ailleurs, voilà que je le suis à grands pas dans l’escalier menant à l’étage juste au-dessus de notre vieux rez-de-chaussée pour écarquiller les yeux et laisser tomber ma mâchoire : l’endroit rêvé, pas plus cher que notre bureau dysfonctionnel et bancal, logeait au-dessus de nos têtes.

Sitôt vu, sitôt signé, sitôt réorganisé.

Depuis 48 heures, je suis entouré d’une équipe souriante et collaboratrice comme jamais. Des femmes et des hommes engagés, visiblement heureux, formant corps. Et prouvant, comme si c’était nécessaire, que l’environnement de travail, ça joue.

Au boulot, maintenant! Dans ce foutu évier, y’a de la vaisselle qui m’attend!