jeudi 3 novembre 2011

Excitante menace

Amazon est bien nommé. Le site ne demande pas, il prend. Il usurpe. Et il s'installe. Il assiège.

Comme le fleuve sauvage.

Comme les légendaires guerrières.

Amazon.com ne balaie pas autrement sur son passage depuis son arrivée sur le web. Sauf qu'il se limitait aux livres. Tous s'en foutaient. Sauf les libraires, bien entendu. Puis le site transactionnel a embrassé tout l'univers des produits culturels, neufs comme usagés. Résultat de la course: un chiffre d'affaires de 20 milliards $ et une "boutique" où s'activent 17 000 personnes. On est loin des pelleteux de nuages et de la simple anecdote virtuelle.

Amazon existe pour vrai. Et va déranger  nos marchands pour vrai.

Tant et si bien que lorsque le journal Les Affaires me demande cette semaine si on se sent menacé par l'annonce du bras canadien de Amazon à l'effet de mettre en vente directe jusqu'à 60 000 articles et produits de quincaillerie et de matériaux, j'hésite environ le tiers du quart d'une seconde avant d'émettre un oui non équivoque.

On  se sent aussi excité par ce coup de pied au c.. Le même effet qu'un "wake up call" après une période de paresse un peu molle.

On se demande pourquoi on a si longtemps attendu, nous, les magasins réels avec des clients en chair et en os, avant de se comporter au travail comme on le fait dans la vie privée: à la maison, en soirée ou le week-end, tout le monde ou presque magasine par Internet. Et on est de plus en plus nombreux à acheter en ligne.

Il en est ainsi des clients réels qui entrent dans nos quincailleries et nos centres de rénovation: ils sont en bonne partie AUSSI des Internautes, des e-clients.

Les raisons pour lesquelles on a laissé une entreprise virtuelle entrer dans nos magasins si facilement sont maintenant vaines à être connues. Le score est 1 à 0 pour Amazon. Faut faire du rattrapage. Le temps perdu ne se rattrape plus, une chanson a déjà établi ce fait.

Mais avec un bon plan, créatif et pertinent, on doit encore espérer que nos joueurs sauront séduire et satisfaire la dimension virtuelle qui se trame sous presque tous leurs clients réels.