jeudi 12 août 2010

Quand la montagne ne vient pas à soi...

Atteindre le sommet du Kilimandjaro, comme je l’ai fait ce 30 juillet, est satisfaisant, certes. Pas plus cependant que le parcours de six jours pour s’y rendre. À moins d’être seulement motivé par la fin des choses.


Des heures et des jours, même une nuit, à ne faire que monter et monter encore cette accessible  mais toujours repoussée cime finit par devenir une activité qui se confond avec le but.


Jamais je n'ai ressenti autant de satisfaction à vivre le moment présent que lors de lascension constante de la « Montagne de Dieu »  au sens swahili du mot « kilimandjaro ». Marche rarement dérangée par des efforts ou des risques démesurés. Cadre favorable à lintrospection. Impression forte que cest la montagne qui vient à soi.


Plus la pente saccentue, plus le mercure, lui, descend. La barre des 20 000 pieds daltitude s'approche au rythme en escalade des tempes proches du bouton « panique ». La dernière nuit de montée restera celle où les ressources sont toutes sollicitées. On est alors heureux de ne pas voir au-delà du rayon d’un mètre de la lampe frontale parce que les silhouettes aperçues font deviner des marcheurs zombies ou saignant du nez ou des oreilles.

Arrive la libération avec les premiers jets du nouveau jour. Le glacier jure sur l’Afrique noire. Je devrais me sentir bien, délivré. Je le suis. En même temps, la perte de l’effort obligé, du travail de galérien, me chagrine. Je m’en ennuie déjà, j’y étais habitué.

Sisyphe aura été un mythe et j’y aurai cru. Une semaine. Éternelle.