jeudi 28 novembre 2013

L’impossibilité d'être à moitié enceinte

Au sortir de Batimat, ce méga salon parisien, que dis-je, Européen, où l'AQMAT présentait son Pavillon des Innovations et accompagnait 28 visiteurs, j'étais habité de sensations opposées. Content d'être venu et pourtant, resté sur une faim.

Je me disais, et le racontait au Délégué général du Québec et à ses conseillers, que tant qu'à venir ici, à coups d'efforts, de dollars et d'euros, aussi bien le faire avec ampleur et éclat. Parce qu'à Batimat, on ne peut être à moitié enceinte. Avec 2600 exposants disséminés le long de 56 kilomètres d'allées, on doit mettre le paquet ou s'exempter.

Nous, on y est allé trop timidement. Quand je dis "nous", cela engage tout un monde.

Le gouvernement du Québec ne nous a pas vraiment appuyé. Tout le monde a été sympathique à la cause que nous défendons, celle de promouvoir sur les plateformes extérieures quelque dix innovations d'ici, issues de la recherche, de l'inventivité de nos fabricants. Celle, aussi, de conduire des quincailliers, des dirigeants de bannières et des fabricants vers Batimat. Outre d'avoir sommairement visité notre stand et nous avoir invité à une réception préarrangée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, on ne peut affirmer que l'État a contribué concrètement à ce que l'AQMAT ni nos entrepreneurs rencontrent leurs objectifs de mission.

Parlant de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, elle nous a involontairement nuit. En organisant une mission parallèle à la nôtre, on a dilué le Québec. Elle s'est retrouvée, au final, avec seulement deux entreprises dans sa mission constituée pour l'essentiel d'une dizaine de fonctionnaires et de dirigeants d'associations liées à l'entrepreneuriat.

Mon "nous" inclut aussi notre propre manquement à tendre la main à nos collègues associatifs représentant les entrepreneurs (APCHQ, ACQ et d'autres). L'impact de notre délégation aurait été décuplé. Mea culpa.

La leçon est tirée. S'il faut retourner à Batimat, voici comment on s'y rendra, et pas autrement:

1. L'espace d'exposition de 250 pi ca (25 mètres carrés) devra être dix fois plus grand. On privilégiera une approche dite de copartition où une dizaine de fabricants québécois membres de l'AQMAT présentent leurs produits vedettes dans un lieu signé Québec. Le pavillon du Maroc, un exemple parmi tant d'autres dont plusieurs régions de France ou encore la Sicile, la Turquie et la Chine, a su attirer l'attention des quelque 360 000 visiteurs.


2. Pour retenir les visiteurs, il faut des moyens, de l'interactivité, des démos de produits. J'ai été frappé de constater le caractère festif de l'événement où charcuterie et champagne se dégustaient ci et là. L'odeur et la saveur d'érable commencent à travailler mon imaginaire...

3. Notre initiative devra être officiellement soutenue par le gouvernement qui aidera financièrement nos manufacturiers à s'exposer dans cet espace tout en étant lui-même présent aux côtés de l'AQMAT afin de promouvoir ses propres services et les vertus du Québec pour les affaires.

4. Une coalition avec au moins une des associations d'entrepreneurs en construction permettra à la délégation québécoise d'être non seulement plus nombreuse (espérons 100 participants), mais aussi plus représentative des joueurs actifs sur notre territoire. On sait fort bien que sans les entrepreneurs, toute prétention de légitimité s'en trouve affaiblie lorsqu'elle n'est constituée que de quincailliers et de fabricants.

5. Nous devrons tout faire pour éviter qu'une chambre de commerce s'improvise dans notre secteur économique alors que son territoire d'action (le Grand Montréal) et le profil généraliste de son membership ne justifient en rien qu'elle pilote une mission dans une foire aussi pointue que peut l'être Batimat.

L'AQMAT, un organisme en phase directe avec le bâtiment résidentiel, univers autour duquel tourne le salon Batimat, se doit d'être aux commandes à la fois d'un espace d'exposition made in Quebec et d'une délégation, car il s'agit du lieu par excellence pour appréhender les tendances, supporter nos manufacturiers sur l'Europe et faire connaître notre propre rôle.

On participera à la prochaine édition de Batimat en novembre 2015 ou pas, rien entre les deux.