lundi 30 mars 2009

Le commerce de détail en mal de leadership politique

Chaque semaine a maintenant une thématique. Celle-ci est appelée la Semaine du commerce de détail. Il me semble approprié de revenir sur les deux décisions votées en assemblée générale tellement elles sont au cœur des problèmes qui assaillent nos marchands et, par conséquent, nuisent à leurs fournisseurs.

Je me suis rendu au cabinet du ministre Raymond Bachand (Développement économique, Innovation et Exportation) et je suis présentement sur les lieux du congrès du Conseil québécois du commerce de détail pour souligner à quel point nos marchands peinent en ce moment.

La crise économique n’est pas en cause : elle commence à frapper les manufacturiers canadiens, alors il faudra quelques mois encore pour qu’elle touche les ventes au détail en sol québécois.

Non, la première des deux raisons majeures de nos difficultés, ce sont les frais de crédit exorbitants qu’imposent VISA et MasterCard aux marchands comme aux consommateurs, cela en raison de leur position dominante sur le marché.

À qui la faute? On ne peut raisonnablement en vouloir à ces entreprises privées. Rien sur le plan légal ou réglementaire ne les empêche d’agir ainsi. C’est comme AIG aux États-Unis, du moins jusqu’à ce qu’Obama agisse en leader et sonne le glas du laisser-faire des compagnies d’assurances jouant impunément aux banques.

Le second problème de nos commerces est connu, c’est le recrutement de personnel. On n’a ni l’argent ni les conditions pour attirer du personnel et le garder. L’ouverture durant les périodes creuses gruge les profits des bonnes heures. Une plage horaire étendue sur sept jours et plusieurs soirs mine le moral des troupes. Il y a des vides politiques à combler. Cette fois, à Québec.

Rappelons les simples faits : il ne reste plus que six jours par année pendant lesquels les commerces du Québec sont fermés par la loi.

Ce n’est pas obligé d’être ainsi. Ailleurs au Canada, les commerces sont tenus de fermer entre neuf et dix jours. De plus, dans quatre des provinces s’ajoute la fermeture tous les dimanches. C’est donc dire que pour plusieurs de nos concitoyens propriétaires et employés de commerces (autres que les stations-service, les dépanneurs, les bars, les pharmacies et les marchés d’alimentation), ils ont soixante jours de congé au lieu de six jours. Méchante différence en termes de frais d’exploitation et de pouvoir d’attraction pour le nouveau personnel.

Ça semble beaucoup soixante jours. Même trop. Mais quand on y pense. les travailleurs « normaux », ceux des bureaux, de la fonction publique, etc., jouissent de 110 jours de congé environ par année, c’est-à-dire tous leurs week-ends plus les jours fériés normaux.

Comment en sommes-nous arrivés à quêter pour sept maigres jours de congé et à devoir se rendre à genoux à Québec pour éviter l’ouverture des magasins le 1er juillet prochain, ce qui réduirait le nombre de congés au Québec à cinq jours.

Les coupables, c’est nous. Contrairement aux autres provinces, nous avons laissé les supermarchés, les grandes surfaces généralistes et les pharmacies occuper tout l’espace politique.

Pourtant, comme la quasi-totalité des autres provinces, notamment nos deux voisines, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, il nous semblerait normal de pouvoir également faire une pause le Vendredi Saint, à la Fête de Dollar (Fête de la Reine) et à l’Action de grâce. Même les États du Vermont et du Maine prennent le temps de célébrer les fêtes importantes.

Non, vraiment, n’avoir pour congés que le jour de l’An, Pâques, la Fête nationale du Québec, la fête du Travail et Noël, c’est inacceptable.

Dans ce dossier, le manque de leadership politique s’exprime par des demi-décisions à la Salomon, du genre « permettre » aux commerces d’ouvrir telle ou telle date. Le gouvernement sait bien qu’en ne tranchant pas, la loi du marché s’établit, et tout le monde se sent forcé d’ouvrir. Presque tous nos membres ont dû ouvrir le 2 janvier dernier, et ce sont les patrons qui travaillaient.

La vraie solution consiste à fermement décréter deux choses : les jours où l’ouverture des commerces est interdite, sauf exemptions précises, et le respect intégral des raisons d’être des entreprises.

On entend en effet dire que Canadian Tire vendra de la nourriture et que Jean Coutu offrira de la quincaillerie. Où s’en va-t-on si tout le monde peut vendre n’importe quoi, n’importe quand, à n’importe qui?

D’apparences anodines, les décisions concernant le nombre de jours de fermeture obligatoire et l’application au pied de la lettre des missions d’entreprise pour éviter la concurrence déloyale lors de ces journées de la part des commerces jouissant de certaines exceptions, ont un véritable impact sociétal. Nos membres sont des gens d’affaires qui savent compter : le nombre de jours d’ouverture de leurs magasins n’a pas pour effet de grossir le budget des dépenses de la population; le phénomène ne fait qu’étendre leurs dépenses sur un plus grand nombre de jours.

Chaque journée de plus fait croître leur difficulté à intéresser la génération X à travailler chez elle, elle qui semble prioriser l’équilibre travail et vie sociale plus que les autres groupes d’âge.

Quant à l’ouverture les dimanches, je partage simplement avec vous le constat que nos collègues et concitoyens de l’Île-du-Prince-Édouard, du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, où la tradition d’un jour de pause commerciale par semaine a été maintenue, semble bien se porter à tous points de vue. Les statistiques d’achat per capita ou de la valeur du panier moyen sont proportionnellement semblables à celles d’ici. Autrement dit, ce qu’on dépense sur sept jours ici est dépensé en cinq ou six jours ailleurs.

Mais je ne voudrais gâcher cette semaine de festivités en abordant un sujet aussi délicat que la question des dimanches…

Chaque semaine a maintenant une thématique. Celle-ci est appelée la Semaine du commerce de détail. Il me semble approprié de revenir sur les deux décisions votées en assemblée générale tellement elles sont au cœur des problèmes qui assaillent nos marchands et, par conséquent, nuisent à leurs fournisseurs.


Je me suis rendu au cabinet du ministre Raymond Bachand (Développement économique, Innovation et Exportation) et je suis présentement sur les lieux du congrès du Conseil québécois du commerce de détail pour souligner à quel point nos marchands peinent en ce moment.

La crise économique n’est pas en cause : elle commence à frapper les manufacturiers canadiens, alors il faudra quelques mois encore pour qu’elle touche les ventes au détail en sol québécois.

Non, la première des deux raisons majeures de nos difficultés, ce sont les frais de crédit exorbitants qu’imposent VISA et MasterCard aux marchands comme aux consommateurs, cela en raison de leur position dominante sur le marché.

À qui la faute? On ne peut raisonnablement en vouloir à ces entreprises privées. Rien sur le plan légal ou réglementaire ne les empêche d’agir ainsi. C’est comme AIG aux États-Unis, du moins jusqu’à ce qu’Obama agisse en leader et sonne le glas du laisser-faire des compagnies d’assurances jouant impunément aux banques.

Le second problème de nos commerces est connu, c’est le recrutement de personnel. On n’a ni l’argent ni les conditions pour attirer du personnel et le garder. L’ouverture durant les périodes creuses gruge les profits des bonnes heures. Une plage horaire étendue sur sept jours et plusieurs soirs mine le moral des troupes. Il y a des vides politiques à combler. Cette fois, à Québec.

Rappelons les simples faits : il ne reste plus que six jours par année pendant lesquels les commerces du Québec sont fermés par la loi.
Ce n’est pas obligé d’être ainsi. Ailleurs au Canada, les commerces sont tenus de fermer entre neuf et dix jours. De plus, dans quatre des provinces s’ajoute la fermeture tous les dimanches. C’est donc dire que pour plusieurs de nos concitoyens propriétaires et employés de commerces (autres que les stations-service, les dépanneurs, les bars, les pharmacies et les marchés d’alimentation), ils ont soixante jours de congé au lieu de six jours. Méchante différence en termes de frais d’exploitation et de pouvoir d’attraction pour le nouveau personnel.

Ça semble beaucoup soixante jours. Même trop. Mais quand on y pense. les travailleurs « normaux », ceux des bureaux, de la fonction publique, etc., jouissent de 110 jours de congé environ par année, c’est-à-dire tous leurs week-ends plus les jours fériés normaux.
Comment en sommes-nous arrivés à quêter pour sept maigres jours de congé et à devoir se rendre à genoux à Québec pour éviter l’ouverture des magasins le 1er juillet prochain, ce qui réduirait le nombre de congés au Québec à cinq jours.

Les coupables, c’est nous. Contrairement aux autres provinces, nous avons laissé les supermarchés, les grandes surfaces généralistes et les pharmacies occuper tout l’espace politique.
Pourtant, comme la quasi-totalité des autres provinces, notamment nos deux voisines, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, il nous semblerait normal de pouvoir également faire une pause le Vendredi Saint, à la Fête de Dollar (Fête de la Reine) et à l’Action de grâce. Même les États du Vermont et du Maine prennent le temps de célébrer les fêtes importantes.
Non, vraiment, n’avoir pour congés que le jour de l’An, Pâques, la Fête nationale du Québec, la fête du Travail et Noël, c’est inacceptable.
Dans ce dossier, le manque de leadership politique s’exprime par des demi-décisions à la Salomon, du genre « permettre » aux commerces d’ouvrir telle ou telle date. Le gouvernement sait bien qu’en ne tranchant pas, la loi du marché s’établit, et tout le monde se sent forcé d’ouvrir. Presque tous nos membres ont dû ouvrir le 2 janvier dernier, et ce sont les patrons qui travaillaient.
La vraie solution consiste à fermement décréter deux choses : les jours où l’ouverture des commerces est interdite, sauf exemptions précises, et le respect intégral des raisons d’être des entreprises.
On entend en effet dire que Canadian Tire vendra de la nourriture et que Jean Coutu offrira de la quincaillerie. Où s’en va-t-on si tout le monde peut vendre n’importe quoi, n’importe quand, à n’importe qui?
D’apparences anodines, les décisions concernant le nombre de jours de fermeture obligatoire et l’application au pied de la lettre des missions d’entreprise pour éviter la concurrence déloyale lors de ces journées de la part des commerces jouissant de certaines exceptions, ont un véritable impact sociétal. Nos membres sont des gens d’affaires qui savent compter : le nombre de jours d’ouverture de leurs magasins n’a pas pour effet de grossir le budget des dépenses de la population; le phénomène ne fait qu’étendre leurs dépenses sur un plus grand nombre de jours.
Chaque journée de plus fait croître leur difficulté à intéresser la génération X à travailler chez elle, elle qui semble prioriser l’équilibre travail et vie sociale plus que les autres groupes d’âge.
Quant à l’ouverture les dimanches, je partage simplement avec vous le constat que nos collègues et concitoyens de l’Île-du-Prince-Édouard, du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, où la tradition d’un jour de pause commerciale par semaine a été maintenue, semble bien se porter à tous points de vue. Les statistiques d’achat per capita ou de la valeur du panier moyen sont proportionnellement semblables à celles d’ici. Autrement dit, ce qu’on dépense sur sept jours ici est dépensé en cinq ou six jours ailleurs.
Mais je ne voudrais gâcher cette semaine de festivités en abordant un sujet aussi délicat que la question des dimanches…