jeudi 24 décembre 2009

2janvier.com

J’aurais tant aimé me contenter, en ce dernier blogue de 2009, la tête presque déjà dans les boules (de Noël), de me laisser couler relax dans une poésie inspirante. M’endormir sous les flocons comme l’ours jusqu’au retour de la marmotte. C’est ça, la vie, non?

Mais non, c’est pas ça la vie. La vie, même l’hiver et par temps froid, est synonyme d’éveil, de combat perpétuel. Tout le reste sent la mort.

Alors j’écrirai plutôt pour honorer et soutenir nos amis marchands de Rimouski qui profitent de ce temps festif pour réfléchir et se battre contre la bêtise humaine.

L’Association des marchands de Rimouski a passé une résolution à l’effet que des pressions soient faites pour demander aux autorités compétentes le maintien du 2 janvier comme jour férié non payé, permettant ainsi deux jours consécutifs de congé au personnel des commerces de détail, et ce, pour leur ressourcement tant familial que physique.

À cet argument sensé parce que défendant l’humain, j’ajoute des raisons de management. Ouvrir pendant de plus en plus d’heures augmente les frais d’exploitation d’un commerce, rend le recrutement et la rétention de personnel plus difficiles, dilue la compétence au service des clients, car les experts de chaque commerce ne peuvent chacun travailler plus de 40 heures par semaine, en plus d’entraîner une recrudescence du vol à l’étalage de la part des clients ou des employés en raison du manque de surveillance et de la grogne.

Le gouvernement se réfugie derrière une approche de laisser-aller qui dit aux commerçants : « Vous savez, vous n’êtes pas obligés d’ouvrir le 2 janvier. » Connaissez-vous un commerce qui va laisser sa clientèle aux mains de son concurrent qui, lui, déciderait d’ouvrir?

Il faut une consigne claire et ferme de la part de l’autorité gouvernementale. Comme nous l’avons déjà indiqué − et recommencerons à le faire! − la société de consommation a besoin d’un accès le plus grand possible aux pourvoyeurs de médicaments, de nourriture et de carburant. Ceci ne doit pas forcer tous les autres marchands à suivre leur horaire, d’autant plus que ces derniers s’en vont de plus en plus vers du 24 h/24 h. Et c’est là où le bât (de Noël) blesse : le gouvernement manque de discernement sur cette question.

Unanimement, le 15 mars 2009, les membres de l’AQMAT réunis en assemblée générale à Montréal se sont prononcés contre l’ouverture des commerces le 1er juillet et le 2 janvier. Nous avons gagné la bataille du 1er juillet, mais pas encore celle du 2 janvier.

Nos voisins de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick offrent respectivement neuf et dix jours de congé non payé à leurs employés, et leurs gestionnaires peuvent aussi mieux souffler. Ici, au Québec, nous n’en avons que sept.

S’il est vrai que la persévérance rapporte en général, encore faut-il opter pour les cors et trompettes (de Noël) les plus aptes à avoir un impact sur la classe politique et sur les médias. Les commerçants rimouskois ont compris en lançant le microsite d’information et de pétition http://www.2janvier.com/.

J’ai été scandalisé, rien de moins, de lire la lettre du cabinet du ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec, reproduite sur le site de l’Association des marchands de Rimouski, affirmant ce qui suit :


Vous êtes le seul groupe au Québec qui nous a fait part de ses revendications pour la fermeture des magasins le 2 janvier. Vous comprendrez que notre interprétation nous laisse croire que la situation n’est pas considérée problématique pour les autres groupes, car aucun ne nous a signalé son mécontentement.

La signataire au nom du Ministre, Mme Elisabeth Prass, est exactement la même conseillère que j’ai rencontrée et avec qui j’ai entretenu une correspondance au nom des membres de l’AQMAT après notre congrès.


C’est bon de voir que dans le Bas-du-Fleuve comme sans doute ailleurs, les entrepreneurs ne sombrent pas dans la fatalité.

C’est bon de se donner de l’espoir et des moyens. La circulation de l’information fait partie de ceux-là.

C’est bon de se sentir vivant. D’avoir le sentiment d’agir en bon père (de famille et de Noël!).

P.-S. : joignez votre voix à la pétition disponible ici : http://www.2janvier.com/NousAppuyer.php.