
Des heures et des jours, même une nuit, à ne faire que monter et monter encore cette accessible − mais toujours repoussée − cime finit par devenir une activité qui se confond avec le but.

Plus la pente s’accentue, plus le mercure, lui, descend. La barre des 20 000 pieds d’altitude s'approche au rythme en escalade des tempes proches du bouton « panique ». La dernière nuit de montée restera celle où les ressources sont toutes sollicitées. On est alors heureux de ne pas voir au-delà du rayon d’un mètre de la lampe frontale parce que les silhouettes aperçues font deviner des marcheurs zombies ou saignant du nez ou des oreilles.
Arrive la libération avec les premiers jets du nouveau jour. Le glacier jure sur l’Afrique noire. Je devrais me sentir bien, délivré. Je le suis. En même temps, la perte de l’effort obligé, du travail de galérien, me chagrine. Je m’en ennuie déjà, j’y étais habitué.
Sisyphe aura été un mythe et j’y aurai cru. Une semaine. Éternelle.